Ce blog anonyme que j’aime (j’aimais) tant…

Quand j’ai créé mon blog en 2007 (non, ça ne me rajeunit pas !), les jumeaux venaient tout juste d’avoir 1 an et je craquais complètement. J’étais épuisée, fatiguée, HS. J’avais l’impression de leur consacrer 100% de ma vie. Je ne sortais plus, je n’avais plus de travail et je ne voyais presque plus personne. J’ai donc eu l’idée de créer ce blog pour crier, lâcher prise, raconter, jeter mes secrets et mes confidences, bref me défouler et me plaindre tranquillement sans peur du jugement des autres. Je voulais raconter mais surtout partager et échanger avec d’autres parents, et pourquoi pas, leur donner aussi des conseils. Pour toutes ces raisons, et surtout une énorme timidité je pense, j’ai tout de suite décidé que ce blog serait anonyme. Cet anonymat me plaisait vraiment, je trouvais ça à la fois excitant et rassurant. C’était un peu comme une double vie.

Et puis, soyons honnête, je ne suis pas douée pour l’écriture. J’écris comme je parle. C’est  un style un peu spécial. Je n’ai malheureusement pas le don des beaux mots. Et je n’avais aucune envie de partager cette écriture dont j’étais peu fière avec ma famille ou mes ami(e)s. Donc cette timidité et ce manque d’assurance n’ont fait que confirmer mon choix de cet anonymat.
Dès la création du blog, erreur de débutante, j’avais mal géré mes « paramètres de confidentialité » et mon prénom apparaissait sous chacun de mes articles. Trop tard, je ne pouvais plus vraiment revenir en arrière.

Ah, et autre détail extrêmement important qu’il faut savoir sur moi : je suis presque incapable de garder un secret ! Du coup, Super Mari/Super Papa a tout de suite été mis dans la confidence de cet anonymat. Et puis encore ce fameux manque d’assurance, j’ai pris pour habitude de lui demander son avis sur la plupart de mes articles avant de les publier.

A côté de ça, il y avait aussi Super Mamie qui était très souvent à la maison pour m’aider avec les jumeaux. « Tu fais quoi, tu écris quoi ?» Parce que OUI, bloguer prend énormément de temps. Donc elle a fini par deviner, ou je lui ai dit, je ne sais plus trop. Elle connaissait donc mon secret elle aussi. Ce n’était plus vraiment un secret, mais bon, vu que je leur raconte presque tout (à mon mari et à ma mère), finalement, ce n’était pas bien grave.

Des blogs de parents de jumeaux, à l’époque, il n’y en avait pas vraiment.
C’était le début, le tout début des « blogs de parents ». Et puis, il y a eu cet ami d’enfance qui m’a appelé un jour pour m’annoncer cette merveilleuse nouvelle : lui aussi allait avoir des jumeaux ! « Mais dis donc, j’ai fait des recherches sur internet genre « conseils parents de jumeaux », et je suis sûr que je suis tombée sur TON blog, trop de détails que j’ai reconnus, je sais que c’est toi. D’ailleurs, ma mère aussi».
Et voilà, c’était un peu le début de la fin de l’anonymat. Et puis ma meilleure amie qui a eu aussi des jumeaux… Et puis ma sœur. Elle, elle n’a pas eu de jumeaux, hein, mais elle l’a su, je ne sais plus comment. Alors, à chaque fois, je leur disais la même chose « N’en parle pas autour de toi, hein, c’est un blog anonyme, c’est important pour moi ! »

Croyez-moi, ce n’est pas si facile de garder son anonymat.
Et puis, ce n’est pas drôle non plus à chaque fois. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, être anonyme, c’est se cacher, c’est refuser des invitations « publiques », ne pas révéler son nom, avoir peur de montrer son visage. Quand mon blog a été élu, à l’époque, dans le fameux et polémique top 5 des blogs de « parents » dans ELLE j’étais super fière, mais c’était vraiment frustrant de ne pas pouvoir le partager autour moi. Mais bon, c’était mon choix que j’assumais complètement. Et que je continue à assumer aujourd’hui : pas d’évènement public, ou alors, de manière anonyme.

Et puis ça a continué, il y a eu aussi cette amie, et l’amie de cette amie qui étaient au courant pour mon blog.
Mon anonymat était complètement raté ! Pff, même pour ça, je n’étais pas douée.
Et dès lors, je sentais que je n’écrivais plus de la même manière et que je me retenais.

J’ai fini par arrêter d’écrire. Les jumeaux avaient grandi et je n’avais plus tant de choses que ça à partager, mon blog anonyme n’était plus vraiment anonyme, et l’envie d’écrire n’était plus là.
J’ai fait une très longue PAUSE en 2010.

A l’arrivée du petit 3ème, j’ai eu envie de reprendre mon blog. Oui, oui, c’est bien lié à mes enfants, je vous le confirme. L’envie d’écrire et de raconter est revenu et ce besoin d’anonymat aussi. Et puis la timidité et le manque d’assurance étaient toujours là, on ne se change pas. Alors Super Papa, mamie, ma sœur et ma meilleure amie seront forcément au courant, on est trop proches pour que je leur cache. Mais l’entourage plus éloigné qui connaissait mon blog l’avait surement oublié depuis, et je voulais « reprendre » mon anonymat pour connaître à nouveau ce sentiment de liberté.

La blogosphère avait bien changé ! Des blogs de parents, et même des parents de jumeaux, il y en avait de partout. Et surtout, les réseaux sociaux avaient fait leur apparition.

Il fallait bien que je m’y mette aussi. Mais alors, croyez-moi, les réseaux sociaux et l’anonymat, c’est juste hyper compliqué ! Facebook et Instagram sont vicieux et connaissent tout de toi ! Ils invitent souvent tes amis et ta famille à découvrir ton anonymat. Ils proposent aux amis de tes amis de lire ou d’aimer ce qu’un autre ami a écrit. Et c’est là qu’on se rend compte, comme l’a dit un proche (trèèèèès proche même), que « l’anonymat n’existe pas sur Internet. Tout se sait ». Et puis même moi, je me suis souvent embrouillée dans mes différents comptes, entre le perso, le boulot et le blog, pas facile de ne pas se mélanger.
J’ai souvent supprimé et effacé, mais sûrement pas assez vite.

Et puis, facteur non négligeable, mes jumeaux avaient sacrément grandi. Maintenant, ils pouvaient à tout moment venir derrière mon ordinateur et lire ce que j’écrivais.
BAM ! Grillée ! Ils ont tout vu et tout lu ! Et c’est comme ça qu’ils ont commencé à faire eux aussi partie du secret. Ils jouent le jeu. Pour les photos, il y a la photo de face, et puis, sans que je leur demande, ils se retournent, pour la photo des réseaux. Aujourd’hui, la partie la plus importante de cet anonymat est finalement « aucun visage, aucun prénom de mes enfants » !
Et bien évidemment, je dois faire encore plus attention à ce que j’écris. Finie la liberté car je sais qu’à tout moment un de mes enfants peut venir lire ce que j’écris sur lui. Alors je m’adapte. Le blog a pris une autre direction. J’ai même fait participer mes enfants sur différents sujets : « Ça fait quoi d’avoir un jumeaux » ou encore « vos livres préférés ». Ça les amuse de raconter et participer, et de garder le secret ou pas….

Ce blog reste anonyme, parce que c’est comme ça que je le voulais au départ. Et je n’ai aucune envie de donner mon « vrai nom » ou d’en parler dans mon CV ou mon profil Linkedin. Je suis têtue… et timide… et ce manque de confiance. Et puis je n’ai pas envie non plus que mes futurs employeurs soient au courant de mon manque d’autorité avec mes enfants, de mes problèmes divers ou de ce que j’ai pu faire en famille le week-end dernier.
Je continue à essayer de rester dans l’anonymat mais ça devient de plus en plus compliqué. Bloguer prend énormément de temps, et c’est donc très difficile de cacher cette activité à son entourage proche. Et d’ailleurs, « le cacher » me prend encore certainement plus de temps, surtout sur les réseaux.

Et puis, il y a ma sœur, qui s’acharne à partager mes articles sur Facebook, alors que je le lui ai interdit. Coucou sister. Merci de ne pas partager non plus cet article ! Je continue à revendiquer mon anonymat.

Mais encore une fois, ça devient compliqué. Anonyme mais pas vraiment. Il sait, elle sait, je sais qu’elle le sait mais on n’en parle pas car c’est « anonyme » et ils ne devraient pas savoir.

Et puis, régulièrement, au détour d’une discussion, je découvre que quelqu’un d’autre est au courant. Je ne sais pas pourquoi, ça me rend dingue. C’est d’ailleurs sûrement la discussion d’avant-hier qui m’a donné envie d’écrire cet article !

La finalité de ce récit, je ne la connais pas vraiment. Peut-être juste expliquer, à ceux qui lisent mon petit blog sans prétention, le pourquoi du comment de cet anonymat. Et puis continuer comme ça et faire semblant. Se dire que cet endroit peut encore rester pour quelques jours, pour quelques mois, mon échappatoire. Me dire qu’il y a un endroit où je peux raconter, partager et me défouler sans jugement ou sans rendre de compte à personne. Ça me fait du bien de le voir comme ça ! Et puis ceux de mon entourage, de mes amis, de ma famille très proche, qui savent, ce n’est pas si grave.
Mais je préfère que ça reste entre nous, si ça ne vous embête pas, ça me donne un sentiment de liberté que j’aime vraiment beaucoup !

Et puis la timidité et ce manque d’assurance…

blog anonyme

PS : cette photo, beaucoup moins anonyme que je pensais, a été prise à l’Aérosol. Super endroit que je vous conseille, en famille ou avec des amis, pour boire un verre, manger, danser, vous détendre et surtout taguer !

PS bis : ma formation commence cette semaine, et je me connais, je vais être vite débordée. Je ne sais même plus si j’aurais le temps d’écrire des articles.
A suivre….

2 réflexions sur “Ce blog anonyme que j’aime (j’aimais) tant…

  1. Maman Fatiguée dit :

    Comme je te comprend!
    Je blogue aussi de façon anonyme mais comme toi j’en ai parlé avec mon mari puis avec ma mère. Quand j’ai commencé à m’inscrire sur les réseaux sociaux j’ai eu la mauvaise idée de partager ma page avec mes amis et du coup maintenant beaucoup de personne de mon petit village suivent ma page et doivent savoir que c’est moi derrière ce blog (mais elle ne m’en ont rien dit,même si je sais qu’elles savent!).
    Il y a eu un moment où je me suis demandé si je ne devais pas arrêter là, mon blog n’est plus vraiment anonyme, mais je n’ai pas pu m’arrêter (même si j’ai ralenti le rythme en reprenant le boulot). Pour moi mon blog sert à partager et aussi à me souvenir, à garder une trace de ce que nous faisons, je ne peux pas le laisser tomber même si plusieurs personnes en ont connaissance.
    Mais mon blog anonyme me manque!

    • coupdouble dit :

      Oui, tu as raison, c’est aussi et surtout tellement de souvenirs à lire et à relire. Parfois, je me surprends à aller lire un article pour me rappeler comment étaient les jumeaux à 3 ans 🙂

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